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Des maquettes construites comme des petits théâtres, meublées de chaises, de tables ou de lits rigoureusement alignés, s’animent d’images en mouvement. Le contraste est saisissant entre l’organisation exemplaire des différentes pièces de mobilier, chacune exécutée avec une minutie d’horloger, et le désordre qui émane des films projetés à l’intérieur des maquettes. Que racontent ces films ? Des rêves, des délires, des fantasmes ? Paul Viaccoz, héros incontesté de chaque épisode, s’en donne à cœur joie. Se mettant avec un plaisir espiègle dans la peau de héros qui ne doivent rien à ceux des séries tv, mais qui ressemblent à s’y méprendre au héros que chacun se fabriquait petit, celui qui nous permettait de pimenter le quotidien, de transformer nos misères en aventures. Un héros dérisoirement humain qui n’a pas pour mission de sauver le monde, mais doit juste faire face à ses propres craintes. Pour Paul Viaccoz, il s’agit plutôt de compulsions et de hantises.
Paul se dope à ses propres frasques. Il endosse plusieurs rôles (magicien, tueur, chuteur, cueilleur de champignons, etc.) et l’action avance de manière fantasque. Il n’y a pas à proprement parlé de résolution dramatique, mais plutôt un instant de lucidité où, à l’instar du rêveur, on ouvre un œil et on se dit «ouf…» Le tour est joué, Paul est sauvé. Sauvé de ses démons ? Paul Viaccoz invente un univers qui sans son humour nous emmènerait dans le champ de la psychiatrie. Ces chambres dépouillées où rien n’est dû au hasard, où tout est mesuré, parlent d’incarcération, d’enfermement. Elles affichent leur ambition de réguler les flux débordants, mais visiblement ne peuvent juguler l’explosion d’images qui les habitent. Le dénuement de ces chambres-cellules, qui à la fois fige leur identité et les en dépossède, évoque l’univers carcéral ou psychiatrique, voire les camps de concentration. Fasciné par la règle, parce qu’elle garantit l’ordre, Paul Viaccoz s’avance sur un terrain dont il connaît l’envers. À outrance, l’ordre est synonyme de maniaquerie, soit un enfermement sur soi, ou réunit les conditions de l’avènement d’un état de surveillance. Paul Viaccoz entreprend alors avec frénésie de créer des distractions qui ouvrent une brèche dans cet ordonnancement de mauvais augure, qui infiltrent les processus d’enfermement à l’œuvre.
Le Centre pour l’image contemporaine montre pour la première fois une série de vidéos s’échelonnant de 2001 à 2005, ainsi que des pièces maquettes. Dans la première salle se trouve une grande table sur laquelle sont alignées face à face 20 maquettes de pavillons entourés d’un jardin. Séparant les deux rangées de pavillons identiques, un train fait l’aller retour d’un bout à l’autre de la table. Un monde idéal bien organisé, chacun cultivant son jardin. Pourtant train et pavillons, par association, décalent très vite cette première vision idyllique, provoquant un certain effroi en rappelant les déportations. Ce changement de perspective se voit confirmé par les images qui défilent sur un téléviseur. Elles retracent un voyage en train qui passe d’une gare de ville européenne à l’autre selon un itinéraire géographiquement invraisemblable, mais qui suit la trajectoire de souvenirs liés à des catastrophes ou des faits divers qui ont marqué ces lieux. Dans la seconde salle, 10 maquettes, qui abritent chacune la projection d’un film, proposent en autant d’épisodes les aventures de Paul. À lire quelques titres, on est propulsé dans ce monde fantasque, qui confronte ordre et chaos : La Course, L’Inventaire, Rêves, Délires, Chutes et Comédies, Hallucinations, Tours de Magie, etc. Chaque maquette représente une chambre d’hôpital, toutes ont un titre ; Le Miroir sans tain, L’Isolement, Le Parloir, La Salle d’opération font surgir le spectre de la psychiatrie. L’épilogue prend place dans la troisième salle. Un livre de 150 photos, conçu comme un flip book, sera mis en vente.
Paul Viaccoz, né en 1953 à Saint-Julien-en-Genevois, vit et travaille à Genève. Expositions personnelles (sélection) 2002 1999 1996 1992-93 Expositions collectives (sélection) 2002 2002 1990-98
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