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Shahryar Nashat, «She can’t keep hold of herself, it keeps on moving», installation vidéo, Rijksakademie van beeldende kunsten, Amsterdam, mars 2001
Au Centre pour l’image contemporaine, Shahryar Nashat montrera une nouvelle installation (composée d’une projection vidéo grand format et d’une image sur moniteur TV); sur le grand écran, l’image en gros plan d’un homme qui se débat pour échapper à la noyade; sur le moniteur, une fiction minimale, en boucle, avec un personnage isolé dans un espace noir, tentant de reconstituer une scène, brusquement interrompu par plusieurs événements de type très divers; la bande est centrée sur les rapports mémoire et oubli, reconstitution de scènes et absences, fiction et réalité. Le texte répétitif dit par le personnage insiste sur l’impossibilité du souvenir et la nécessité de toujours recommencer. Son et image sont parfois synchrones, parfois décalés, rejouant sur le plan formel les improbables coïncidences qui forment le tissus de la mémoire et de la fiction.
D’autres pièces récentes fonctionnent également sur le décalage, comme par exemple, «All the way back, the reconstruction» (installation vidéo, 2001), qu’on a pu voir lors de l’exposition des Prix fédéraux des beaux-arts 2001, et qui est constituée d’une projection vidéo montrant un lit filmé sous deux angles différents, les deux images se succédant en longs fondus-enchaînés, et au-dessous, d’un moniteur TV avec l’image en boucle d’un jeune homme dans une chambre à coucher. La lumière artificielle verte et la pauvreté du décor signalent la mise en scène. Une voix souffle son texte au personnage, qui n’arrête pas de le répéter: «What just happened has no importance». Ainsi, quelque chose, que le spectateur ignore, a bien eu lieu, et c’est sur les conséquences paradoxales (sans importance) de l’action que la pièce insiste. Le spectateur ne peut ni reconstituer, ni imaginer de suite: il combine et recombine les éléments visuels, sonores et textuels de la pièce dans une succession sans fin.
«Je tente de mettre en évidence les comportements humains dans une situation critique donnée; lorsque des expériences aliénantes refont surface, lorsque l’auto-protection qui est commune à tout un chacun ne fonctionne plus. Sur ce point tangentiel se produisent des phénomènes ambigus liés à la mémoire, à l’expérience et qui, me semble-t-il, sont essentiels à la compréhension du fonctionnement humain. a slice of consciousness.»
Shahryar Nashat, 2001.
D’une manière générale, les situations référées à la psychiatrie, à son langage ou à ses méthodes d’investigation, ont été très présentes dans le travail de Shahryar Nashat, même si actuellement, elles tendent à s’effacer devant un traitement plus ouvert, moins référé à la clinique; dans les travaux les plus récents, par exemple, seule la couleur verte manifeste encore, de manière très abstraite, cette référence. Les personnages des vidéos (qui sont à peine des figures, tant leur définitions sont minimales) sont souvent saisis au moment d’une rupture intérieure: dans «She can’t keep hold of herself, it keeps on moving» (2001), une jeune femme soliloque face à un personnage masculin qui n’apparaît que très brièvement, et de dos; l’image de la jeune femme est dédoublée sur deux écrans face à face, qui forment un corridor. Les légers décalages entre les points de vue des deux images, comme entre les bandes-son et les images, de même que la multiplicité des positions possibles pour le spectateur engendrent une combinatoire d’où le sens émerge peu à peu: le monologue est une dispute, un moment de déchirement du couple, de destruction narcissique de la femme. Les références sont ici évidemment du côté de la psychologie (et de sa caricature par l’exploitation commerciale, par exemple dans les soap operas TV).
Le critique d’art zurichois Daniel Kurjakovic décrit ainsi le travail de Shahryar Nasaht dans un texte de 1999: «Des images et leurs rythmes, du son et des voix se condensent en un rhizome de significations qui montre à la fois les chocs émotionnels les plus fins et leur analyse critique.»
Shahryar Nashat, «And then he’s meant to disappear», vido digitale, 2001, 4 min. Vidéo still. Ci-dessous idem.
Biographie
Né en 1975, vit et travaille à Amsterdam
Formation
2001- 2002 Résidence d’artiste à la Rijksakademie van beeldende kunsten, Amsterdam
1995 - 2000 Ecole supérieure des beaux-arts, Genève
Expositions
2001 «Open Ateliers», Rijksakademie, Amsterdam, Pays-Bas
«3 Projections», Galerie Elisabeth Kaufmann, Zurich, Suisse
«Record Collection», Galerie Forde, Genève, Suisse
«All the way back», Centro d’arte contemporanea Ticino, Bellinzone, Suisse
2000 «Artlab at Athénée», Palais de l’Athénée, Genève (catalogue)
«Heart», Centro d’arte contemporanea Ticino, Bellinzone, Suisse
«Kunst 2000», Kunstraum Wachtelturm, Zurich
1999 «999», Centro d’arte contemporanea Ticino, Bellinzone, Suisse (catalogue)
«East of fame - and making art for the future», Seedamm Kulturzentrum, Pfäffikon, Suisse (catalogue)
1998 «Can’t do this alone», Galerie SPF, Genève, Suisse
Festivals vidéo
2000 VIPER, Bâle (catalogue)
Videoex, Zurich (catalogue)
1999 VIPER, Bâle (catalogue)
Editions
1999 «Other rooms, other voices», Memory Cage Editions, Zurich (travail sonore et catalogue)
Prix et bourses
2001 Prix fédéral des beaux-arts (Suisse)
Bourse Kiefer Hablitzel (Suisse)
namics e-Commerce Award
2000 Bourse Kiefer Hablitzel (Suisse)
Filmographie
2001 «And then he’s meant to disappear», film vidéo, 4 min., en boucle
«All the way back, the reconstruction», installation: 1 projection vidéo, 1 vidéo sur moniteur TV
«She can’t keep a hold of herself, it keeps on moving», installation. 2 projections vidéo
2000 «Waterslides; young man speaking to another, sometimes even loudly», film vidéo, 4 min. 20
«Verbal anaesthesia», film vidéo, 3 min. 30
«Neurotic Sacha; my love song», film vidéo, 2 min.
1999 «one does trauma», installation: deux films vidéo sur moniteurs TV
«Frozen winter (soliloqui for one voice)», film vidéo, 2 min. 10
«Décompensation (beakdown)», film vidéo, 4 min. 30
1998 «Faites», film vidéo, 2 min.
«Sans titre I», film vidéo, 2 min.
«Sans titre II», film vidéo, 1 min. 30
«Sans titre III», film vidéo, 1 min. 20
«L’état des choses», film vidéo 12 min. 20
Shahryar Nashat, «All the way back, the reconstruction», installation vidéo, 2001.
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