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Centre pour l’image contemporaine - Saint-Gervais Genève

23 janvier - 23 mars 2003
Gianni Motti - Installation et vidéos

vernissage : mercredi 22 janvier 2003 dès 18:00
heures d’ouverture: mardi-dimanche de 12:00 à 18:00, fermé le lundi - entrée libre

  archives
            centre pour l'image contemporaine

Gianni Motti a la nonchalance philosophique, la goguenardise plutôt douce, bien qu’implacable. L’accent joue son rôle : son attitude artistique, comme son attitude tout court, fonctionne autant au charme que sur une démarche préconçue, critique, alerte, dénonciatrice, mais aussi joueuse et voyou. Passé maître dans l’art de l’appropriation, copiste singulier, il est un adepte du leurre. Doucement terroriste dans sa manière, il peut revendiquer par le biais des médias l’explosion de la navette Challenger (son jet de fumée spectaculaire ) ou un tremblement de terre en Californie.

(suite...)

Gianni Motti, Buenos Aires-Plaza de Mayo, 2002. Photo: Esteban Pagés


Les comparatifs que lui attribuent les critiques sont, à bien y regarder, franchement flatteurs : badaud professionnel, passager clandestin, bonimenteur, artiste putassier etc. Le plus réussi peut-être est celui que lui donne Marc-Olivier Wahler, l’actuel directeur du Swiss Institute de New York. C’est au Lieutenant Columbo qu’il le mesure: sorte de Monsieur Tout Le Monde qui se promène, affûte sa curiosité au gré de la conversation (élevée au rang de grand art), se fie autant à son flair (qu’il a comme par hasard fort développé) qu’au hasard des circonstances. Un peu à la manière du lieutenant, il développe des manœuvres d’infiltration, élabore des réseaux parallèles et fausse les règles de visibilité. Pour Marc-Olivier Wahler, "Il ne se place plus face au paysage tel un surhomme romantique. Il se glisse à l’intérieur du spectacle." Autant de stratégies dont le résultat revient toujours à s’interroger sur le fond, et surtout sur le fonctionnement de notre monde, et plus particulièrement celui de l’art, des médias et des images.

Au Centre pour l’image contemporaine, plusieurs vidéos inédites à Genève seront éparpillées dans l’espace autour d’une nouvelle installation dont évidemment on ne peut rien dire à l’avance. Les vidéos ? Gianni médiatise (et gère ?) un hold-up, Gianni suit un match de foot depuis l’intérieur d’un taxi de Bogota, Gianni réunifie un groupe punk italien mythique des années septante (the Bloody Riot) à la villa Médicis, Gianni joue le jeu de Paris Première, Gianni gisant ressuscite au milieu d’une foule de pèlerins qui croit assister à un miracle (et le mort se taille en douce).


Gianni Motti, Bloody Riot in concerto, Villa Medici, 2002


En préambule à l’exposition, l’artiste veut tenter de réitérer dans les quotidiens genevois une expérience qui l’a ravi avec des journaux d’ailleurs. Il s’agit de suivre les photographes d’une rédaction pendant quelques jours et de se glisser subrepticement dans le cadre de l’image. Le lecteur du journal distrait n’y verra que du feu. Mais si l’on y prête un peu plus attention, on s’aperçoit qu’un même personnage s’est introduit aussi bien dans la rubrique «Société», que dans la «Locale» ou la «Scientifique», souvent en arrière-plan, parfois sans scrupule, parfaitement en vue, avec toujours la même tête ébouriffée et le même pull marin : Gianni Motti sape ainsi toute vraisemblance à ces images censées simplement refléter le réel. Gianni : " Un jours, j’aimerais fabriquer un journal avec toutes ces photos. Et dans la page «Culture», je mettrais un article sur moi.» L’artiste observateur se laisse observer et suscite ainsi quelques bonnes questions sur l’utilisation des images qu’il ne manque pas bien sûr de signer. Il enfonce le clou et paraphe son appropriation.




Gianni Motti, apparition, 2000

Qu’il installe un tapis rouge, une limousine et deux gardes suisses à l’entrée du Swiss Institute à New York, qu’il s’empare d’une affiche de Felix Gonzales-Torres en y imprimant "thank you", au-delà des rapprochements grinçants qu’il provoque et des questions qu’il soulève, Gianni Motti élabore, pour citer Jean-Max Collard "une œuvre qui consiste simplement à faire le plein usage de sa liberté". (cc)



Curriculum Vitae

Gianni Motti vit à Genève. Il mène une vie exemplaire.
 
 



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