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Centre pour l’image contemporaine - Saint-Gervais Genève

31 janvier - 4 avril 2004
Karen Andreassian - Voghchaberd – photographies et vidéos

vernissage : vendredi 30 janvier 2004 dès 18 heures
heures d’ouverture: mardi-dimanche de 12:00 à 18:00, fermé le lundi - entrée libre
Commissaire de l’exposition: Anna Barseghian (Utopiana)
  archives
            centre pour l'image contemporaine

Karen Andreassian. Né en 1957. Vit et travaille à Erevan, Arménie.
Le Centre pour l’image contemporaine et Utopiana ont le plaisir de présenter une exposition personnelle de Karen Andreassian composée de photographies, de vidéos et d’un site internet.

(suite...)

Karen Andreassian, La datcha de la famille Mekertoumian, Voghchaberd, novembre 2003 Karen Andreassian, La datcha de la famille Mekertoumian, Voghchaberd, décembre 2003

Karen Andreassian met en scène un projet entrepris depuis mars 2003. L’objet de l’observation et de la recherche est le village de Voghchaberd situé à 10 km d’Erevan. A l’époque brejnévienne, c’était un village prospère et prestigieux, où les "apparatchiks" contruisaient volontiers leurs datchas. L’histoire récente du paysage du village a coïncidé avec deux phénomènes: d’une part, l’effondrement de l’Union Soviétique et d’autre part, le cataclysme naturel, l’éboulement. Pendant son développement historique il y avait déjà eu plusieurs tentatives de déplacer le village à un autre endroit.

C’est sur le double constat du caractère mouvant de ce lieu et de la volonté des habitants d’y rester que Karen Andreassian a amorcé son projet, en déplaçant le village dans un espace électronique: <www.voghchaberd.am>. Le site web est un processus destiné à être poursuivi par cette collectivité locale. Il fonctionne comme une pré-face, plutôt qu’une inter-face, tout en étant aussi une partie intégrante de l’exposition. Les images vidéo et photos de cette exploration / expédition sont comme le fil conducteur de la représentation de la durée: c’est bien la réalité de la durée qui relie les phénomènes géophysiques et les phénomènes socio-politiques.

Karen Andreassian, Le cimetière, Voghchaberd, décembre 2003 Karen Andreassian, Hrach Nahapetyan, Voghchaberd, décembre 2003

Le village de Voghchaberd concentre sur lui à la fois la permanence d’une instabilité géologique (glissements de terrain) et les conséquences des bouleversements politiques du 20e siècle (première guerre mondiale, génocide de 1915 , soviétisation, stalinisme, 2e guerre mondiale, et enfin chute de l’URSS, séisme de 1988, guerre du Karabagh). Les glissements de terrain actuels peuvent donc être vus comme un symbole concret, non seulement de l’état de crise permanente de l’Arménie au 20e siècle, mais surtout de sa capacité d’adaptation. Il se trouve que la cause des glissements de terrain, l’humidité du sous-sol, constitue en même temps celle de la fertilité des terres du village. Cet état de fait crée les conditions d’une relative stabilité socio-économique dans l’instabilité même. C’est ce qui explique qu’ils soient nombreux à refuser les offres de relogement du gouvernement. Cette " stabilité instable " fait émerger de nouvelles formes d’habitat qui mettent en cause la manière traditionnelle d’ériger quatre murs en pierre. Les " Voghchaberdtsi " inventent ainsi une façon de vivre dans un environnement changeant qui est plus que de la survie. Il y a donc une vie, et même une prospérité possible, dans l’exposition au danger, dans la contingence ; c’est bien du fait d’une humanité simple, qui fait avec ce qu’elle a à disposition. On est toujours après une catastrophe, et on comprend qu’il est vain de projeter un état stable qui succéderait à la " transition ".


Présenter le projet de Voghchaberd à travers un dispositif documentaire donne une possibilité d’ouverture à l’histoire et à ses fractures. Des images qui parlent de l’autre côté de la grande histoire, qui évoquent la mémoire de l’Autre. Mettre l’accent sur cet autre de l’histoire veut dire "configurer un monde, une quantité de mondes possibles dans le monde", transformer le monde plutôt que de l’interpréter, ce qui implique de le ressaisir hors de la représentation.

Anna Barseghian


Karen Andreassian, Voghchaberd, 2003



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